About

Ene Jakobi est une artiste plasticienne d'origine estonienne, diplômée de l'Académie de Beaux Arts d'Estonie en 2000. Elle expose en France et à l'international et a représenté en 2000, la ville de Tallinn dont elle est originaire à l'exposition universelle de Hanovre.

Sa pratique du dessin possède deux facettes : sous des apparences volontairement douces et réalistes, elle renferme une multitude de messages cachés et sert une vision critique sur le monde contemporain. Elle utilise le dessin réaliste comme appât pour aborder les sujets tels que les violences conjugales ( Violence conjugale (book.fr) à la galerie Kadriorg en 2023, commissaire d'exposition Tiiu Rebane) , la disparition d'espèces sauvages ( Loire river (book.fr) , le renouvellement énergétique. Elle questionne notre envie de posséder et de s'approprier, l'être et le paraître.

Son exposition "Être une fleur" (exposition présentée à l'église St Barthélémy de Boutigny-sur-Essonne en 2022 Expo « Être une fleur » (book.fr), au festival Printemps du dessin 2023 à la médiathèque de l'hôpital Pompidou et à l'Ambassade d'Estonie à Paris À l'Ambassade d'Estonie (book.fr), à la galerie Kadriorg en 2023 Être une fleur III (book.fr)) Ene Jakobi, A fleur de peau… Et de peines (canolinecritiks.blogspot.com) ) est tout à fait représentative puisqu'en représentant des fleurs de manière figurative à l'instar d'un herbier, elle aborde la difficulté des artistes à se trouver une place dans notre société. Elle puise son inspiration dans la Culture dont elle s'entoure sans cesse : Histoire,Théâtre, Danse, Philosophie, Littérature.. mais également dans sa pratique du dessin d'audience à laquelle elle se consacre professionnellement depuis plusieurs années.

Inspirée par les nombreux croquis d'audience qu'elle réalise depuis 2010 Dessins de presse et tribunaux, une histoire française des croquis d'audience (lemonde.fr), la démarche plastique de l'artiste témoigne d'un récit à la fois visuel, poétique et introspectif. Bien que les œuvres d'Ene puissent laisser entrevoir un récit intime et autobiographique comme en témoigne sa série “Bad Weather”, les œuvres de l'artiste ont cette faculté à entretenir le mystère et à tenir le regardeur en haleine.( Exposition au centre culturel Joséphine Baker de Guibeville en 2023 Expo " La caravane sénatoriale" (book.fr)

On peut ainsi percevoir dans son travail, une capacité à tisser des liens entre les images du monde et de l'esprit. Je donne l'exemple de la série “Electric Power” qui témoigne à la fois de la cohabitation des activités humaines avec des environnements naturels mais aussi de la présence d'un regard critique porté sur le monde: celui de l'artiste elle-même. Escapades en Essonne au temps du confinement : Ené Jakobi a dessiné « les lieux où l'on ne s'arrête jamais » - Le Parisien

À travers une grande virtuosité et maîtrise des techniques et médiums empruntés (dessins, aquarelle…), Ene Jakobi révèle au monde ses sensations intérieures. Et pourtant, pourtant, au travers de ces dessins de paysages, d'édifices industriels et religieux, Ene s'attaque à nos icônes et à nos images les plus persistantes: nos représentations pénibles. Elle suspend ces images le temps d'un instant puis le titre s'exprime par lui-même : violence conjugale, Electric power, forteresse. Des titres qui témoignent d'une parole libératrice et d'un engagement profond. Celui de faire voir au-delà du visible pour toucher directement notre psyché.

"Lageraie" 5Le travail d'Ene, c'est ainsi un récit de vie, le partage d'une expérience sensible et spirituelle. Il donne raison à l'archéologue sud-africain David Lewis Williams qui associe la naissance de l'art à celui de la conscience. L'œuvre de l'artiste est d'ailleurs habitée par cette conscience: une conscience humaine et artistique. Elle nous plonge dans ses longues promenades au fil des villes et villages de France que selon elle, “chacun doit visiter avant de mourir”. Les promenades d'une rêveuse solitaire qui a pourtant bien les pieds sur Terre. À la différence de Rousseau, Ene dit sans dire et immerge le spectateur dans une aventure humaine, celle de sa vie, celle de la nôtre, celle que nous connaissons tous et dont nous sommes imprégnés.

L'œuvre de l'artiste témoigne ainsi d'une grande contemporanéité. Subtile et complexe à la fois, son œuvre multiplie les représentations d'écosystèmes humains et physiques. Dans la série “Violence conjugale”, il y a cette sensation d'un travail sur soi. D'un art grâce auquel on répare et guérit. De la même manière que l'enfant crée et organise son monde par le dessin, Ene observe et déconstruit le notre pour nous amener à le ressentir et à le penser.

Par le dessin, l'artiste instaure une « présence » et met le spectateur face à ses images les plus enfouies. L'œuvre d'Ene Jakobi donne raison à la philosophe Susanne Langer pour qui l'art et sa symbolisation constituent l'acte essentiel de l'esprit. L'art englobe la pensée, la précède et la rend possible.

Texte: Camille Sauer